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Inde, la terre de feu de Jharia | The hellish coal fields of Jharia
Dans le village de Bokapahari, tout le monde vit de l’extraction illégal du charbon. Femmes, enfants et vieillards grattent le sol fumant pour extraire quelques kilos d’or noir. Mais leurs maisons s’écroulent une à une sous l’effet de la chaleur… « Partout il n’y a que des mines et des feux, de la fumée et des poussières ». Ashok Agarwal se désespère en voyant comment vivent ces centaines de milliers d’Indiens qui gravitent autour de la plus grande mine à ciel ouvert du pays.
Cet homme tranquille essaie de défendre ces familles face à la compagnie nationale des mines, la BCCL, qui veut les expulser de leur village et agrandir l’exploitation. Nous sommes dans le Nord-Est de l’Inde, dans le Jharkhand, l’un des bassins houillers les plus importants au monde.
Pour survivre, les habitants du village de Bokapahari se mêlent aux bennes et aux tractopelles pour extraire un peu de charbon. Mais ce travail, pour un ou deux euros par jour, est des plus dangereux. Le sol, par un phénomène d’oxygénation incontrôlable, brûle depuis un siècle. Les fumées qui s’en échappent provoquent cancers et troubles respiratoires. Le gouvernement Indien a lancé il y a 10 ans un vaste projet d’un milliard d’euros pour reloger près de 80 000 familles. Un peu plus de deux mille seulement ont accepté de se déplacer dans une cité dortoir à 10 km de la mine. Les autres n’ont pas le choix. Pour survivre, il faut marcher tous les matins sur le sol brûlant de Jharia. On y trouve des enfants de 5 ou 6 ans, des vieillards de 60 ans… Tous ceux qui restent à l’écart du développent à marche forcée du pays.